Revue de presse "le temps du souffle"

 

 

Armen

Le clarinettiste briochin Michel aumont a bâti son parcours sur de multiples expériences, depuis le fest-noz jusqu'aux "compositions instantanées" de ses derniers spectacles, et ce deuxième disque solo reflète cette diversité. A partir de thèmes joués par la clarinette basse, les strates de sons viennent se superposer pour former un accompagnement polyphonique, grâce au travail informatique de Philippe Ollivier, preneur de son imaginatif. On assiste alors à des phénomènes étranges; la clarinette basse devient flûte dans une danse tribale, se met à sonner comme une trompette ou barrit comme un éléphant. On reste sidéré par la performance! Cependant, rien d'exclusivement anectotique dans ses explorations du son, car la présence des clins d'oeils renforce l'architecture d'une tradition imaginaire qui en appelle aux pierres dressées, aux hommes-bambous ou, plus proche de nous, à la gavotte des montagnes déclinée dans une série de variations d'une grande subtilité. Les thèmes tournent, accompagnés par des nappes de clarinette basse sans cesse renouvelées, comme si un orchestre entier s'était invité à ces noces d'ébène. Outre la musique, on ne saurait oublier le graphisme de la pochette, un véritable objet d'art où l'on retrouve des oeuvres de Jean-Claude Charbonel qui établissent un pont entre la musique et la peinture. Finalement, peu importe que ces seize poèmes polyphoniques soient difficiles à classer dans une étiquette forcément normative, voire réductrice, nous avons affaire à un artiste extraordinaire, au sens réel du terme, que bien peu d'autres musiciens ont la possibilité d'approcher sur le plan de la qualité, qu'ils soient de Bretagne ou d'ailleurs.

Michel Toutous